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SHU HA RI

 

Une vision simple et opérationnelle de l’apprentissage qui décrit 3 états comportementaux par lesquels passe un individu quand il apprend de nouvelles techniques.

SHU HA RI est le principe d’apprentissage clé des arts martiaux japonais (aïkido, judo, karaté…), et notamment de l’étude des katas. ShuHaRi peut se traduire par suivre les règles, comprendre les règles et transcender les règles.

Je trouve SHU HA RI tout à fait pertinent et transposable au delà des arts martiaux à toute sorte de situations professionnelles.

Shu Ha Ri peut être vu comme des cercles concentriques, avec le Shu dans le Ha, et le Shu et le Ha dans le Ri. Les techniques et connaissances fondamentales ne changent pas.

 

•SHU ((守:しゅ, Shu, “protéger”, “obéir”) — sagesse traditionnelle – apprendre les fondamentaux) :

Suivre les règles (aussi pour les conserver et les protéger). On se concentre sur la tâche qu’on a à réaliser pour être en mesure de copier la technique. S’il existe plusieurs façons de faire, on se concentre uniquement sur l’une d’entre elles.

Dans les arts martiaux : “le disciple se doit de suivre aveuglément l’enseignement de son Maître”.

L’étude du kata implique au départ un exercice simple d’observation. A partir de cette observation de la gestuelle, le pratiquant la reproduit et assimile cette “forme” extérieure du kata. Cette étape se nomine SHU et est communément utilisée au Japon dans de nombreux domaines et cela depuis plusieurs siècles. SHU vient du mot verbal “mamoru”, qui en japonais signifie protéger observer une régle. II s’agit ici de “protéger” la forme pour la conserver.

Le professeur Minamoto Ryôen dans son ouvrage intitulé “Kata”, auquel nous nous référons tout au long de cet article nous dit: “Shu”, c’est l’étape ou l’on accomplit le kata fidèlement, ou l’on assimile physiquement les bases fondamentales de l’art. En quelque sorte, c’est l’étape de l’étude.”. La notion de SHU HA RI s’est développée dans différents domaines et entre autre dans le Kendo : La voie du sabre ; “… Lorsqu’on essaye d’examiner comment s’est développé dans le cas de la voie du sabre, le principe appelé Shu ha ri dans la voie du thé, on en voit l’exemple dans Chiba Shûsaku dont voici les explications : ” II existe ce qu’on appelle shu ha ri, shu signifie protéger, c’est protéger le principe de l’école, pour l’école Ittô, c’est la position seigan basse, pour l’école Munen, c’est la position seigan commune qu’on utilise. Cela signifie qu’on attaque et qu’on frappe l’ennemi en gardant la posture de base de cette école ou de cette branche”.

Shu est donc une étape de base ou la reproduction du modèle se limite à une reproduction physique. C’est le stade élémentaire, traduction simple que nous donnons de “ushin” (esprit entravé) mais qui exprime bien la première préoccupation du pratiquant, celle de reproduire ce qu’il voit dans un premier temps. Mais le pratiquant est partie prenante dans cette observation. L’observation a été souvent citée comme de première importance par Kano en tant que fonction éducative du Judo. Mais pour cette observation “il ne s’agit pas de l’acte d’observation objectif appelé ainsi dans les sciences naturelles modernes. Le disciple regarde vraiment l’art du maître, il le regarde en le reproduisant au fond de lui-même, c’est évidemment un acte qui va jusqu’à imaginer intuitivement la reproduction qui convient à sa propre constitution physique et à ses qualité personnelles”. Ce “shu était pour Zeami la première étape” “apprendre par la ressemblance uniquement” : ceci veut évidemment dire “l’étude par la ressemblance”, la mimique. Seulement, c’est l’imitation à l’étape la plus élémentaire, calquée uniquement sur le modèle extérieur”. II faut donc aller plus loin et passer à l’étape “HA”.

 

•HA ((破:は, Ha, “se détacher”, “digresser”) — casser avec la tradition — trouver les exceptions à la sagesse traditionnelle, trouver de nouvelles approches) :

Comprendre les règles. On comprend ce qui se cache derrière, on peut faire le lien avec d’autres pratiques et voir les limites de l’une ou l’autre.

Dans les arts martiaux, le pratiquant peut à ce stade, prendre une grande liberté sur les formes apprises, connues.

C’est le début de l’intériorisation de l’étude par une sorte de destruction du modèle pour chercher ce qu’il y a derrière le modèle. Ha signifie en japonais “destruction”. C’est peut-être l’étape la plus riche de l’étude du kata. Retournons-nous encore vers les propos de Minamoto : “Mais de quelle manière agir pour que ce kata soit parfait ? Etant donné qu’il est façonné par des individus ayant une expérience dans leur vie, des dispositions naturelles et une constitution fondamentalement différentes de soi-même, il est inéluctable qu’il y ait des choses qui ne conviennent pas à son propre corps. Si l’on approfondit l’étape d’étude qui permet l’assimilation physique du kata, il se produit alors naturellement des difficultés. Ensuite, on détruit le kata que l’on à en soi. II apparaît une exigence qui consiste à vouloir détruire le kata. Ceci est l’étape du “ha”.

De même Chiba Shusaku dans la voie du sabre continue ainsi son explication sur ce concept : “Ha signifie détruire, ne plus s’attacher au contenu vu précédemment et aller jusqu’à le briser, c’est aussi nécessairement s’entraîner”. Pour Zeami, ceci correspond à la deuxième étape : “C’est l’étape d’une imitation par une étude assidue auprès d’un maître, d’un travail habile qui pénètre tous les secrets. En un sens, ceci est conforme à la voie juste de la “mimique” mais est encore limité à l’étape de la “non maîtrise”, on n’a pas encore affirmé la substance de l’art”.

Le “Ha” est l’étape nécessaire pour arriver à la maîtrise d’un art par le biais du kata. C’est l’étape qui permet de sentir et de comprendre l’utilité de chaque geste. Le geste prend sa signification cognitive et est ressenti physiquement. C’est l’étape de l’hésitation car on cherche à ressentir physiquement les sensations que doit procurer l’exécution d’une technique logique, efficace et esthétique. Mais cette sensation physique doit nécessairement s’accompagner d’une compréhension intellectuelle. Je ressens physiquement ce que je fais mais je sais aussi expliquer ce que je fais. On peut alors entrer dans l’étape ultime du Ri.

 

•RI ((離:り, Ri, “quitter”, “se séparer”) — transcender — il n’y a pas de technique ou de sagesse traditionnelle, tous les mouvements sont permis) :

Se détacher des règles, s’adapter. Les techniques sont intégrées, utilisées de manière appropriées, ajustées aux contextes, parfois même modifiées.

Dans les arts martiaux, le pratiquant est désormais libre de ses choix et des ses orientations car il est devenu son propre guide. []

Nous avons utilisé aussi pour ” Mushin ” , une traduction simple : “stade ultime” par opposition à “ushin”. Mushin, c’est l’esprit sans entrave, l’exécution de la technique au bon moment sans avoir à réfléchir, c’est la fluidité. Le terme “ri” signifie en japonais “s’écarter, s’éloigner”. C’est une étape ou l’on oublie le kata parce qu’on exécute un acte conforme au kata, on est dans le kata, on est le kata, on fait le kata.

“Cependant ce “ha” n’est pas une bonne étape pour s’arrêter définitivement. Parce que ce n’est pas un acte soutenu par un esprit constructif. A mesure que l’acte de destruction du kata s’accentue on parvient à une sensation de vide, et en dépit du fait que je détruis le kata, je suis pris par le kata déjà existant. Je désire alors en faire l’exécution. Celle-ci naît de la libération de cette emprise et de la profondeur d’une véritable liberté. Et l’étape qui consiste à accomplir ce désir est le “ri”. C’est l’étape ou se crée un nouveau kata “mûri par le temps”. Le pratiquant a alors déjà oublié le kata, mais effectue un acte conforme au kata. “Concernant la voie du sabre, Chiba Shusaku nous dit:” “Ri signifie se détacher, s’éloigner aussi du sens de shu ha, vu plus haut et lorsque, libéré de toutes pensées, on a franchi tant la première que la deuxième étape, c’est le lieu où, il n’y a plus rien au dessus. La signification de shu ha ri vue plus haut est le pivot d’un entraînement vraiment appréciable” (Du classement des Maîtres de Kenjutsu) (Ecrits posthumes de Chiba Shusaku, page 41). Au regard de ceci. on voit que Shusaku explique habilement la forme profonde de l’entraînement passant par le modèle en utilisant les termes de la voie du thé”.

Enfin pour Zeami, le ri correspond à la troisième étape : “C’est le fait d’arriver à “étudier énormément en imitant le Maître, à contempler, à faire sien (le modèle), à faire entrer la compréhension dans son corps et son esprit et devenir un expert digne de confiance”. C’est l’étape où l’on est devenu celui qui connaît la “maîtrise”. lci Zeami nous dit que l’art suprême du maître devient une chose à soi, que l’on retient tant par le corps que par l’esprit ; l’étape ultime de l’art qui consiste à utiliser habilement et facilement l’art de (l’extrême difficulté n’est pas seulement dans “l’étude assidue” de l’art du maître de la deuxième étape mais dans la possibilité d’avoir pour la première fois un acte “de contemplation” dans la troisième étape”. II faut comprendre cet acte de “contemplation” dans le sens donné plus haut de l’observation.

Avant de passer à une étude, elle aussi brève, de SHIN GI TAI, nous voudrions citer encore une fois Minamoto Ryôen pour son regard sur le kata et sur le rôle de Kano dans la réactualisation de ce procédé d’entraînement à l’époque moderne : Dans cette éducation par le “modèle”, qui n’est pas le “shiai” et dans l’éducation par le “randori”, c’est à dire l’entraînement pratique, il est nécessaire de pratiquer un équilibre. Dans le monde du kendo, ce sont les écoles Jikishinkage et Ittô qui ont introduit cela avec habilité dans leur système d’enseignement et celui qui l’a réalisé est certainement Chiba Shûsaku. Puis à l’époque moderne, c’est Jigoro Kano qui l’acheva en judo. … Seulement pour établir cela (enseignement par le modèle), il est nécessaire que les nombreux modèles s’ordonnent et s’unifient en se conformant à un seul principe. Ceci apparaît pour la voie du sabre de la fin du bakufu et dans le judo du Kodokan de Jigoro Kano de l’époque Meiji”.

 

LA COMBINAISON DES TROIS ELEMENTS : SHIN GI TAI

La forme qui va devenir le fondement du modèle se crée à partir d’un mouvement corporel. Mais pour établir ce modèle sur un acte corporel, les trois éléments shin, gi et tai sont nécessaires. Tous le sont tout au long du processus d’assimilation du kata et sont donc présents dans les trois étapes shu ha ri. Zeami fut le premier dans le domaine du théâtre à théoriser le concept de modèle s’appuyant sur un acte corporel combinant shin gi et tai.

Shin gi et tai n’ont pas la même intensité dans chacune des étapes shu ha ri. En effet, on comprend aisément d’après les explications précédentes que dans chacune des étapes, un travail différent s’accomplit et que par conséquent l’importance des trois éléments varie.

Dans la première étape (shu), prédomine le gi et le tai. La gestuelle, la reproduction du modèle est à ce stade essentiellement physique et technique. Le shin existe bien entendu, mais est paradoxalement trop présent et représente une gêne, il ne faut pas s’en préoccuper. C’est le “ushin”, l’esprit entravé”.

Dans la deuxième étape (ha), l’étude est à la fois physique pour les sensations (donc présence importante de gi et tai) mais aussi cognitive par une recherche de la signification de ce qu’on accompli : il s’agit d’une importance relative du shin. Nous sommes toujours dans un stade de “ushin” mais c’est la une étape nécessaire pour pouvoir s’en libérer ultérieurement : “il va sans dire que dans la finalité de la pratique de l’art, le fait d’atteindre l’esprit de “mushin” est l’objectif terminal, mais l’absence d’entraînement, d’une pratique sans relâche de l’étape de “ushin” signifierait tout â coup considérer faussement la question de “mushin” comme une réflexion spéculative.”

Dans la troisième et dernière étape (ri), shi gi et tai s’équilibrent et fusionnent pour ne faire qu’un, c’est à dire le kata. C’est le stade de “mushin” où l’esprit est delivré, la conscience de ce que l’on fait n’est plus nécessaire, on fait le kata car on est le kata. Minamoto explique le processus relationnel profond existant entre l’esprit et la technique (la technique sous-tendant l’acte corporel) dans la voie du sabre par trois étapes : “1) Entraînement uniquement à la technique, 2) Liaison de la technique à l’esprit en tant que dimension consciente, 3) Changement de la liaison entre technique et esprit qui devient non conscient. II apparaît clairement dans ceci qu’il y a aussi quelque chose qui appelle uniquement la question de l’esprit. C’est le corps qui permet la réalisation de la technique et comme c’est l’esprit qui permet le démarrage du mouvement du corps, ici est mis en cause l’ensemble de ce qu’est shin gi tai”.

Cette dernière étape (ri) fut particulièrement bien ressentie et décrite par un spectateur lors d’une démonstration au Kodokan. C’est en mai 1895 qu’à l’occasion de l’inauguration d’un nouveau dojo eut lieu une démonstration de katas, entre autre le koshiki no kata. Cet homme, Katsu kaishû (1823 1899) un grand politicien japonais et auteur nombreux ouvrages, fut émerveillé par ce kata et pour remercier Kano, il offrit à ce dernier une calligraphie écrite en chinois qui disait : “L’esprit sans entrave pénètre les merveilles de la nature. Le non agir est au plus profond de l’esprit de changement”. Cette calligraphie très connue et reprise dans de nombreux ouvrages laisse encore perplexe de nombreux japonais. En fait, elle exprime l’étape du ri. Lorsque l’esprit n’est plus entravé, on parvient à ce qu’il y a de plus merveilleux : la fluidité du kata et le non agir montre la liberté de l’esprit qui peut agir et permettre la réaction spontanée face à n’importe qu’elle attaque. Cela doit permettre l’efficacité absolue de la technique par le corps. lci, le non agir (mu i ou wu wei en chinois) est à prendre dans le sens taoïste d’action se manifestant spontanément, naturellement (et non dans le sens bouddhique). En tout cas, cette phrase exprime le caractère profondément personnel de l’exécution d’un kata où la gestuelle vue de l’extérieur est bien peu de chose comparée à la maîtrise intériorisée des exécutants.

II n’est pas nécessaire d’expliquer les notions de gi et tai qui semblent suffisamment claires, mais essayons de voir brièvement le terme de “shin” qui peut poser plus de problèmes.

Le sens de shin a évolué dans l’histoire de la pensée japonaise. A l’époque ancienne le sens dominant était celui de sentiment plutôt que celui d’esprit au sens intellectuel. L’arrivée du bouddhisme a donné un sens plus intellectuel à shin, proche de l’anima latin. II est alors composé de trois éléments (shin, i et shiki) conscience, action de la pensée et cognition. Mais pour le commun des mortels japonais. le shin fut appréhendé” dans un antagonisme entre “esprit pur” et “esprit impur”. L’aspect intellectuel de shin s’est peu enraciné sinon chez les moines érudits.

L’esprit n’a pas toujours été l’élément primordial dans l’acquisition des connaissances, le moine Dogen qui influença profondément la pensée japonaise donnait la prééminence au corps sur l’esprit. II fallait pratiquer physiquement avant d’intellectualiser. C’est dans le monde des artisans puis dans celui des arts tant artistiques (Zeami par exemple) que militaires, que le principal est la technique et le secondaire l’esprit. Très vite l’articulation technique-esprit a permis par le biais du perfectionnement de la technique de perfectionner aussi l’esprit. De ce fait, l’esprit a pris une position charnière importante, c’est par la pratique qu’est né l’importance de l’esprit et non le contraire : “Quel est donc cet esprit qui existe avec la technique ? La “technique” est le coeur même de l’élaboration du “modèle” dans les arts et c’est le corps qui réalise la forme de la technique, mais la force motrice du mouvement et de l’immobilité de ce corps, le fait de cette nécessité d’une énergie qui ne le cède en rien à l’immobilité ou au mouvement; c’est l’esprit. Cet esprit doit être appréhendé dans sa corrélation avec le corps et sa relation avec la technique… La cognition qu’il y a ici n’est pas une connaissance analytique, abstraite ou objective ; à mesure que l’on perfectionne la technique par le biais du mouvement corporel et que l’on explore l’état de l’esprit, la compréhension de cette manière d’être de l’esprit qui s’affine est une sorte de savoir comportementale.”

Nous avons brossé à grands traits (hélas!) ce qu’était la progressivité de l’étude du kata mené dans le cadre de ce processus de shu ha ri. Ce processus devrait permettre à chacun de mieux comprendre l’utilité du kata et son interactivité nécessaire avec le randori.

 

Cet article est une fusion entre l’article de Michel MAZAC et diverses sources trouvées sur internet.

 

 

 

 

 

 

 

 

LA FACON DE CONNAITRE LE BONHEUR

 

La façon de connaître le bonheur ultime est de laisser aller tous les soucis et les regrets, et de savoir que d'être heureux est le plus satisfaisant des sentiments de la vie. Réfléchissez à tous les progrès dans votre vie et laissez les pensées positives, créatives et joyeuses éclipser et submerger toute la tristesse ou la douleur qui peuvent s'attarder dans les recoins de votre esprit. Savoir que les maladies et les catastrophes naturelles font partie de la vie est la clé pour surmonter l'adversité avec un esprit calme et heureux. Le bonheur attend là en face de vous. Vous seul pouvez décider

si oui ou non vous choisissez d'en faire l'expérience. Prenez cela à cœur.
- Takamatsu Sensei

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